une
mobilisation sans précédent
La
première campagne de dépollution (du mois de mai 2007 -
voir) avait
révélé l'importance de moyens humains et matériels conséquents pour
parvenir à débarrasser la cavité de cette pollution. La configuration
de la cavité, de plus en plus étroite et escarpée compliquait la
tâche d'autant plus que le lieu de stockage des déchets se situait
dorénavant à un niveau bien inférieur et non accessible en voie
directe depuis l'orifice de l'aven.
Il fallut donc réinventer un ingénieux système de déviateurs, de
contrepoids et de renvois afin de pouvoir remonter les bennes malgré
les angles et l'espace exigu du fond de la cavité. Grâce à
l'expertise de l'équipe du Centre Technique Spéléos Nord Franche
Comté,
pilotée par Jean-Marie Frossard, une solution technique,
particulièrement efficace, fut mise en place et permettait de reprendre
l'opération à un rythme soutenu. D'importants moyens logistiques
(tentes marabout, liste précise des participants, restauration sur
site) appuyèrent le volet technique du projet.
.La première opération avait suscité une importante couverture
médiatique et les initiateurs du projet avaient reçu de nombreuses
sollicitations. Cette fois-ci, les médias - relayant la sensibilité
environnementale de plus en plus marquée de l'opinion - manifestèrent
un intérêt tout particulier à l'opération. La chaîne France 3
Rhône-Alpes missionna une équipe qui réalisa des images jusqu'au plus
profond de la cavité, avec une détermination et un professionnalisme
remarquables. Le reportage qui ne devait qu'être initialement diffusé
dans la région Rhône-Alpes retenait finalement l'attention des
instances nationales. L'histoire de l'aven Chazot fut donc largement
relayée sur tout le territoire (voir plus haut les reportages). Guillaume
Vermorel, spéléo averti, et Christophe Joly, réalisaient quant à eux
de
superbes images sous terre et en surface en vue de produire un programme
de sensibilisation pédagogique à l'environnement pour la chaîne
américaine d'Al Gore, ambassadeur de la cause environnementale aux
Etats Unis (voir plus haut le lien vers le reportage).
Parallèlement, les appels diffusés préalablement auprès de la
communauté spéléo ainsi qu'auprès de la population locale
rencontrèrent un écho très favorable et ce furent finalement plus
d'une centaine de personnes qui participèrent à cette seconde
opération de dépollution. Grâce à cet engouement, les participants
non spéléos entreprirent de nettoyer tous les abords du site,
redonnant à cet environnement un aspect vierge et débarrassé de tous
détritus.
Les relevés effectués au fond de la cavité quelques semaines
auparavant n'avaient pas révélé de gaz nocif. Néanmoins, compte tenu
du caractère organique des déchets, et de leur potentielle
dangerosité, des mesures de protection particulières furent prises.
Chaque spéléo nettoyeur était équipé d'une surcombinaison
intégrale, tout comme les équipes de tri, à la réception des bennes,
et dans la zone de tri . Un pédiluve et une douche furent par ailleurs
installés à la sortie de l'aven afin de traiter et désinfecter tous
les équipements (combinaisons, bottes, baudriers et matériel de
progression).
L'exiguïté du fond de l'aven et de ses caractéristiques
topographiques nécessitait une équipe permanente de 8 à 10 spéléos
sous terre pour faire fonctionner le système à raison de : deux
à quatre personnes pour gratter le fond et remplir les bennes, 2 à 3
personnes en suspension pour tendre le câble et permettre aux
chargements successifs de s'extirper du fond, à nouveau 2 à 3
personnes au premier palier afin de faciliter le passage délicat du
déviateur. Tandis qu'une benne se remplissait, une autres effectuait
l'aller-retour entre le fond et la surface.
En surface, les équipes de tri se relayaient entre les différents
postes : au portique pour la réception des bennes, au transport , et à
la zone de tri pour séparer les déchets selon leur nature. Comme la
précédente édition, la nature des déchets se révéla une fois
encore très hétéroclite. Quelques grenades, balles et autres
détonateurs furent à nouveau extraits mais en moindre quantité. Un
nouveau fusil fut également remonté, rangé dans son étui ... Dans la
variété des objets remontés, on remarquait notamment, une quantité
impressionnante d'ossements, pour la plupart d'animaux de boucherie, des
emballages plastique de produits chimiques (notamment de l'ammonitrate :
engrais azoté minéral à base de nitrate d'ammonium) provenant très
probablement d'industries locales, du verre, de la ferraille en tout
genre (carcasses de voiture, machine à laver, bonbonnes, cadres de
vélos, etc ...), de la moquette, des tissus, des matériaux de
bâtiment, ainsi que des déchets basiques en provenance probable
de déchetterie ou de particuliers indélicats. Au final, ce furent un
peu plus de 80 m3 qui furent extraits de la cavité, soit environ 130 m3
depuis le lancement du projet.
Tandis que le fond de la cavité ne cessait de s'abaisser au fil des
bennes extraites, un orifice se révélait et donnait accès le dernier
jour à une vaste galerie diaclase dont le point bas est situé 11 m 50
sous le niveau le plus bas jusqu'alors connu. Plusieurs éléments
portent à penser que cette galerie fût visitée par le passé, avant
qu'une pollution - mélange de déchets et de carcasses en
putréfaction - d'une dizaine de mètres d'épaisseur n'en bouche
l'accès. En revanche, le fond de la diaclase est vierge et aucune trace
n'atteste d'une précédente exploration. La suite - si celle-ci
existe, ce que la persistance de courants d'air laissent supposer - se situe
plutôt en contrebas de l'éboulis de déchets de part et d'autre de
l'imposante concrétion qui occupe le fond de la cavité.
Un prélèvement partiel de quelques objets sur lesquels figuraient des
indications temporaires (date de péremption sur emballages divers)
révèle que l'immense majorité des déchets provient d'une pollution
massive qui semble s'être étalée entre 1970 et 1985. On trouve bien
entendu des déchets beaucoup plus anciens - très peu de plus récents
- mais en moindre quantité. Le fait d'avoir trouvé - notamment des
munitions - des objets plus anciens à des niveaux plus hauts dans la cavité
s'explique par le fait que le nettoyage a commencé par des
niches profondes dans lesquelles ces déchets anciens étaient tombés
en premier, les couches ultérieures les recouvrant jusqu'à les boucher
complètement, obligeant les pollutions suivantes à rebondir jusqu'au
fond de la cavité. Il est fort probable toutefois que le monticule
abrite à sa base les objets les plus anciens, mais seule la
dépollution totale permettra de les mettre à jour. A l'objectif
principal de la pollution s'accompagne désormais un volet historique
doublé d'un indéniable intérêt spéléologique.
Perspectives
Si le niveau du fond de la cavité a désormais nettement baissé, il
subsiste encore au fond de la cavité une quantité importante de
déchets. A la différence de la première campagne - lorsque
l'appréciation de ce volume restait incertain - l'équipe du projet
dispose désormais d'éléments plus concrets qui permettent de dresser
des perspectives pour la suite à donner au projet tant sur le plan des
moyens et des énergies à mobiliser que sur le temps nécessaire pour
venir à bout de cette pollution.
Une troisième campagne est donc prévue pour la fin du printemps 2008.
Néanmoins, l'analyse de la situation force les initiateurs du projet à
reconnaître le caractère très ambitieux de leur démarche tant la
tâche semble encore titanesque. La nouvelle galerie a en effet
révélé un volume évalué à 150 m3 environ et des conditions
d'extraction de plus en plus difficiles sur un plan technique. Compte
tenu du fait que huit jours cumulés répartis sur deux campagnes ont
permis d'extraire environ 130 m3, il apparaît sage d'envisager au
minimum une dizaine de jours de travail à temps plein pour terminer le
travail engagé. Par conséquent, la solution d'un recours à des forces
externes (notamment professionnelles) placée sous l'autorité des
porteurs du projet et de Jean-Marie Frossard se dessine de plus en plus
comme une solution finale.
Les coûts engendrés par une telle perspectives restent à déterminer
auprès de professionnels compétents ainsi qu'au travers d'une
valorisation comptable et analytique précise des deux premières
campagnes (temps de mobilisation des bénévoles ayant participé et
moyens utilisés - matériel, énergie, consommables).
Cette phase terminale constitue un préalable aux futures explorations
du réseau de l'aven Chazot car les deux sources de courant d'air
repéré se situent sous les monticules de déchets dans lesquels il
n'est pas envisageable en l'état de prospecter dans des conditions de
sécurité acceptables (risque maximal d'effondrement).
Au delà du strict cadre réglementaire et communautaire qui nous oblige
- tous - à poursuivre les efforts engagés, la concrétisation de ce
vaste projet apparaît plus que jamais indispensable, tout comme la
protection du site par des moyens appropriés et une démarche -
notamment par voie d'affichage sur site en bordure de route - de
sensibilisation pédagogique, permettant de pérenniser cette
enthousiasme et cette préoccupation environnementale qui nous ont
permis d'en arriver jusque là.
Merci à tous, de votre soutien, de votre énergie et de votre
détermination à nous accompagner jusqu'au bout.
salutations et à bientôt
l'équipe du RESSAC
Club de Spéléologie de Grospierres - Ardèche (07) - France
les partenaires de l'opération :
Mairie de Vallon Pont d'Arc, Sécurité Civile (Ministère de
l'Intérieur), Centre Technique
Spéléo Nord France Comté, CREPS de Vallon Pont d'Arc, Secrétariat d'Etat
à la Jeunesse et aux Sports, Direction Départementale de la Jeunesse
et des Sports de l'Ardèche, Fédération Française de Spéléologie,
Comité Départemental de Spéléologie de l'Ardèche, Syndicat de
Gestion des Gorges de l'Ardèche (Réserve Naturelle), Conseil Général de l'Ardèche, Comité Départemental de Spéléologie de l'Ardèche, Pompiers de Vallon Pont d'Arc, Musée d'Orgnac,
Agence de l'Eau Rhône, Méditerranée et Corse, Société Sictoba,
Société Melvita, Société ActiPro, Société System Industrie,
Laboratoire CPIL, Association Séquence Nature Rhône-Alpes
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