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l’ibie depuis le Pont des Salelles jusqu’au Pont de Vigier
Il fallut attendre la veille de l’hiver pour que le bassin versant de l’Ardèche se mette enfin à monter, après une longue période de disette. Pas vraiment un épisode cévenol par son origine bien plus océanique que méditerranéenne, mais une petite crue malgré tout, assez pour grossir les eaux de toutes les rivières d’Ardèche jusqu’au moindre pissaillou. La plupart des affluents ayant atteint des cotes trop importantes, l’équipe jeta son dévolu sur l’éphémère ibie. Mais jusqu’en fin de matinée, celle-ci se refusait obstinément à laisser les eaux envahir son lit trop longtemps asséché. Et puis soudain, au moment même où l’équipe bigarrée de kayakistes se mit à l’eau sous le pont des Salelles, un flot généreux surgit des entrailles calcaires, d’abord sous la grisaille puis sous un ciel de plus en plus lumineux. Au fil des méandres, la couronne solaire se mit même à déchirer le ciel de stratus, de quoi donner une furieuse envire de repartir pour une seconde descente, cette fois sous un ciel bleu. Voila un an
jour pour jour que l’ibie ne s’était pas ainsi offerte à ses amoureux autochtones, nombreux pour l’occasion.
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