La traversée du Rhône, souvent
impétueux, a longtemps constitué
pour les habitants des deux
rives du fleuve roi une
redoutable épreuve.
C'est en 1842 qu'un premier pont
dut construit pour relier
Rochemaure aux plaines d'Ancône
et de Montélimar en Drôme.
Celui-ci fut emporté par une
crue majeure le 31 mai 1856.
Avec le concours de fonds privé
et de l'ingénieur Marc Seguin,
le pont suspendu actuel fut
alors construit en 1858. Malgré
des destructions volontaires
pendant la seconde guerre
mondiale en 1940 puis en 1944,
l'ouvrage répondit à sa mission
pendant plus d'un siècle avant
d'être mis hors service pour les
véhicules en 1968 après qu'un
camion trop chargé de ciment ne
passe à travers du tablier.
L'ouvrage n'eut plus alors
qu'une fonction de passage
exclusif des piétons et des
cyclistes. Mais un incendie en
1982 occasionnait la fermeture
définitive de l'ouvrage devenu
trop dangereux. A l'époque, sa
restauration n'apparût pas
strictement nécessaire pour les
décideurs car d'une part, un
nouveau pont avait été construit
en 1976 en aval et d'autre part,
le vieux pont de Rochemaure ne
desservait plus qu'une île
formée par la construction du
canal de dérivation sur le Rhône
en 1953. Le pont aurait alors pu
être démoli mais paradoxalement,
il fût inscrit au titre des
monuments historiques en 1985,
soit trois années après sa
fermeture, ce qui le préservait
de tout projet de destruction.
La situation demeura ainsi figée
près de 30 ans avant qu'un
ambitieux projet de reconversion
de l'ouvrage en voie verte fut
entrepris dans le cadre de
l'aménagement de la Via Rhôna,
un long itinéraire allant du Lac
Léman à la Méditerranée en
suivant le linéaire du Rhône
essentiellement par ses anciens
chemins de halage. Porté et
financé par les collectivités
territoriales, ce projet d'un
budget de 1,3 million d'euros se
concrétisa en août 2013 avec
l'inauguration d'une magnifique
passerelle himalayenne suspendue
aux 3 piles de l'ancien pont et
réservée aux piétons et aux
cyclistes. Fine et longue de 340
mètres, cette passerelle enjambe
le fleuve avec grâce et redonne
vie à ce bel ouvrage plus que
centenaire. |