Un épisode à nouveau généré par une dépression Atlantique
Une belle crue quinquennale
Moins de 10 jours après un premier épisode d’intensité moyenne (voir), une nouvelle dépression Atlantique nommé cette fois Leslie est arrivée sur le sud de la France par la péninsule ibérique. Cet ex-ouragan qui s’était formé début octobre à l’ouest des îles du Cap-Vert a ensuite voyagé vers le nord-est sur l’océan avant d’être requalifié en tempête qui, mêlée aux résidus d’autres dépressions locales, notamment Berenice au Portugal, a provoqué des pluies diluviennes sur nos régions. Sur le Gard, la Lozère et l’Ardèche, le système s’est fortement activé dès le mercredi 16 octobre. S’agissant de l’Ardèche toutefois, la trajectoire des précipitations très fortes dès le début de l’épisode n’a concerné que les contreforts cévenols ainsi que la ligne de partage des eaux avec un déplacement sur un axe sud-ouest / nord-est. Autrement dit, aucune précipitation notable n’a impacté le secteur des plaines calcaires de l’Ardèche du sud autour de Ruoms et de Vallon-Pont-d’Arc.
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La population locale a
donc été surprise de voir en fin d’après-midi les eaux de
l’Ardèche et de ses affluents principaux – Chassezac et Beaume – grossir très rapidement alors que les rivières des bassins calcaires tels que celui l’ibie n’ont absolument pas réagi. Au matin du jeudi 17 octobre, la crue se présentait majeure tandis qu’une partie de la dépression se déplaçait vers le nord impactant de manière très importante avec de sérieux dégâts les villes d’Annonay en nord-Ardèche, de Rives de Gier dans la Loire ainsi que le bassin du Haut-Allier et de la Loire. Compte tenu de cette évolution rapide et du risque annoncé de nouvelles pluies fortes le jeudi soir, une crue majeure de grande ampleur, au-delà de 10 m, était à craindre, ce qui motiva Météo France à placer plusieurs départements dont l’Ardèche en alerte rouge. Le dispositif de prévention de la Préfecture fut alors activé déclenchant les alarmes sur tous les téléphones cellulaires afin de sensibiliser les habitants aux risques potentiels du phénomène.
Les écoles furent fermées pour deux jours et la population
vivement invitée à limiter ses déplacements. Finalement, les
pluies redoutées du jeudi soir ne furent pas si fortes en
Ardèche du sud. Au pic de crue atteint à 11 h 50 à l’échelle limnimétrique de Vallon-Pont-d’Arc, succéda une lente mais continuelle décrue. Avec une hauteur de 9,24 mètres pour un débit de 2 526,6 m3/sec, cette crue de l’Ardèche est de type quinquennale.
Celle-ci succède en effet à une crue strictement similaire en
hauteur et en débit survenue le 23 novembre 2019 à 14 h 20.
D’autres crues d’intensité similaires s’étaient produites au
cours des 10 dernières années, le 15 novembre 2014 avec 8,54 m,
le 22 novembre 2016 avec 8,65 m ou encore le 10 mars 2024 avec
8,54 m à la même échelle de Vallon-Pont-d’Arc. |
Concernant l’Ardèche du sud, il ne s’agit donc pas d’un épisode exceptionnel comme ceux de 1958 ou de 1992 par exemple. Néanmoins, la dynamique de la mise en charge du bassin versant fut surprenante et aurait pu être bien plus impactante si de nouvelles précipitations s’étaient produites dans la soirée du jeudi. Les cumuls de pluie sur les Cévennes et le plateau ardéchois auront été particulièrement significatifs avec des relevés notables tels qu'à la Croix de Bauzon avec quelques 866,6 mm de cumul sur la période du 16 et du 17 octobre, ou encore 640mm à Loubaresse et 620 mm à Mayres.
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